« Je marchais sur cette place aux couleurs du sud dans cette ville grise. J’allais voir, de l’autre côté dans ce bar rose, celui qui m’avait un jour mis dans les mains un bouquin. Au travers de la vitre fumée inondée par un soleil d’aprés midi de mois de mai, je n’ai reconnu tout d’abord que ses mains longues et fines. C’est en entrant que je le vis enfin complément. Il m’accueillit de son large sourire et tenait quelques feuillets dans ses mains. Il m’attendait tranquillement en buvant une biére blanche qu’il me fit gouter tout gentiment. Nous avons échangé sur la beauté de ce livre qui me fit pleurer, qui m’a émue, qui me fit rêver tout bonnement. J’osais quelques questions tres intimistes en rougissant, il me répondait sans sourciller tres poliment. Il m’a montré quelques brochures de son travail, je lui expliquais les rêves échafaudés du mien, futur. Ce jour là, je lui offrais pour la premiere fois un verre. C’était pour moi un gage de ma reconnaissance et de ma valeur d’équité. Quelques heures plus tard j’étais accoudée au comptoir pour m’acquitter de nos consommations. J’attendais le serveur tandis qu’une fille en face me regardait pleine de compassion. Je ne l’avais pas senti s’approcher de moi mais je vis changer l’attitude de la jeune fille, lorsque je l’ai senti me glisser sans bruit un délicat baiser dans le creux du cou. S’il avait vu sur mon visage mon sourire et les frissons sur ma peau me trahir! S’il avait vu mes jambes sous cette douceur se dérober, il aurait su, dès ce jour là…. » CM