LE FABRICAUTEUR Ici habite un marchand d'histoires entre images et mots

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Jeanne d'Arc

au hasard Balthazar !

Le cadre : une fête de village, une brocante, un vide grenier. Ce mois-çi en plusieurs endroits je suis allé improviser l’écriture de nouvelles courtes, de textes divers, à la demande des gens qui passent et veulent bien me confier quelques mots. Ils reviennent une demi-heure plus tard et leur texte les attend, écrit à la main sans ratures, à exemplaire unique.

Ce sont des journées d’observation et de palabres, souvent très riches, parfois dures et incongrues.

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extraits de mes notes sur deux  fêtes et marchés de juin 2018

A vendre : lot de certitudes éprouvées par le démenti permanent de la réalité. Convient à celles et ceux disposant d’un bon stock de mauvaise foi.

A louer : lot de compliments usagés ayant servi souvent et donc un peu ternis par le temps. Petit tarif à la semaine.

A certifier : installation bien connue pour le calcul de la quantité de fromage accumulée autour des trous de l’emmental suisse. Certification ISA 9600 en attente.

A penser : au matin du soir de la mort d’un musicien de jazz tenter quelques accords.

A voir : le besoin de se promener « librement » en troupeau et de râler car la randonnée  est fixée à 9 heures, mais « après l’heure c’est pas l’heure répète la grande dame grise vers 8h50.

 

A entendre : la mélopée des récriminations, des pensées à voix haute sur le mode « ça j’en veux pas chez moi ». Les passant qui passent, parfois dépassés, d’un air limite compassé, risquent de trépasser parfois à se repasser des truismes et des âneries.

A admirer : les conférences d’experts, improvisées, sur les plantes, les cafetières, les pieds de lampe et tout vieil objet qui peuple une brocante ou un vide grenier.

A collectionner : les phrases clés du jour sous le soleil assez humide de l’estuaire.

Nous avons du « J’en ai plein à la maison », du « c’est pas une misère de vendre ça aussi cher ? », et du magnifique « qu’est-ce qu’elle croit celle là à penser qu’elle va nous arnaquer avec ses fringues? ».
Et je vous mets un peu de « c’est incroyable d’avoir autant de saloperies chez soi….remarque j’en ai plein la remise », élu prix de la lucidité sur les brocantes et vide-greniers de juin en Charente-Maritime

A regarder : le visage crispé par l’incompréhension et l’expression du mépris du futile lorsque je propose d’écrire à partir de quelques mots laissé par les gens qui le veulent.

« Ca sert à quoi ce truc?…C’est des histoires tout ça ! (c’est vrai)…. vous avez rien d’autre à faire (ou foutre) que de faire des sornettes aux gens (sic), etc.

Parfois aussi le regard se fait question et puis sourire. Si je réponds, on se parle, de ça,  de riens de choses, de pas grands riens. Les mots attirent les mots que les regards complètent.

Souvent, et c’est merveilleux, les gens reviennent me parler de ce que j’ai écrit pour eux.

C’est très souvent émouvant et d’une humanité renversante.

« J’y pige rien à votre truc c’est n’importe quoi…de toute façon j’ai jamais aimé écrire ou lire »

Les rancoeurs et échecs passés remontent, les tristesses ou les joies, avec une variété d’expressions entre presque insultes, mais aussi émotions, gentillesse, fraternité.

C’était un reportage très partial du Marchand d’Histoires. Merci.

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