« Je n’ai pas participé à la commémoration du 11 novembre pour la première fois cette année.
Il est un peu délicat de choisir de fait entre la légalité, le bon sens, la légitimité, la sécurité sanitaire.
C’est une période compliquée que nous vivons toutes et tous et les règles, fussent-elles très discutables pour certaines, j’en conviens aisément, semblent incontournables. Elles sont édictées.
Ce confinement N° 2 montre peut-être un peu que toute une partie de la population ne se sent pas très concernée et applique pas ou peu certaines consignes de base, mais surtout les trouve inutiles, ce qui est encore plus grave.
Dans les possibles promenades que l’on peut faire à pieds dans un rayon de 1 km, il est aisé le W.E, de constater que des rencontres familiales ou amicales sont assez fréquentes, au vu de des concentrations de véhicules en stationnement parfois bien visibles. Ce n’est qu’un exemple parmi d’autres. « On doit vivre avec ce virus, alors… » est une espèce de phrase clé qui exprime me semble-t-il la banalisation de la situation et la mise à mal des geste de protection sanitaires de base. La peur ni l’habituation à un risque n’écartent ce danger.
Il ne s’agit bien sûr pas de faire de la chasse aux sorcières, ce serait inutile, stérile et stupide. Mais il est important que les appels variés à l’unité, au respect, etc. concepts magnifiques puissent se matérialiser dans le quotidien de nos vies, pendant cette période.
Beaucoup de gens souffrent à l’heure actuelle, individuellement et souvent en silence, entre solitude et isolement, dénuement et sans mots pour dire et échanger au moins leurs peurs et leurs difficultés.
L’enjeu des mois à venir est très incertain pour pas mal de gens. Et l’enjeu ne sera pas seulement économique ou financier, mais aussi autour des mots et de l’expression des ressentis de chacun et de tous.
En ce moment sur différents sujets les mots ne veulent plus rien dire : les précautions qui font fermer des commerces dits « essentiels » maltraitent le sens de ce terme et invalident dans un « n’importe quoi » généralisé les mesures prises, très maladroitement dans une certaine mesure. Ce qui est bon pour Paul ne l’est pas pour Lisa. Et plus rien n’est ni bon…ni mauvais. Les mots se vident de leur sens et les messages deviennent inaudibles. On gaze et on matraque des lycéens qui veulent ne pas être serrés comme des sardines dans leurs classes et on autorise des messes en plein air de centaines de personnes à Nantes. La commune du premier Ministre a une autorisation de marché de saison d’arboriculture et autres plantes mais la fleuriste de mon village est interdite de vendre des plantes, en vente ailleurs librement…
A ce rythme rien ne veut plus rien dire.
La preuve cet article en brève du quotidien régional SUD-OUEST de ce jour 11 Novembre qui stipule que la Préfecture « préconise » de limiter les rassemblements pour le 11 Novembre, sans public et 6 personnes maxi….
Mais concrètement , suivant les communes et les envies ou décisions locales il peut y avoir 35 à 40 personnes y compris du public ou juste 6 personnes comme préconisé.
Le préfet « préconise », ce n’est donc pas obligatoire mais précise une « interdiction » semble-t-il…au public. Interdire, préconiser, encore des mots qui ne veulent plus rien dire ?
« préconiser » : recommander clairement, instamment
« interdire »: interdire
Si l’on passe à côté, nous aurons à vivre un morcellement et des dégâts bien plus grave que toutes les crises économiques en cours. Une panne d’essence c’est ennuyeux et pénible. Une panne de sens des mots de la langue en principe commune, c’est mille fois plus grave et très lourd de conséquences, sociales, économiques, etc..!
Si les mots sont aussi atteints par le virus du non-sens, il va être difficile d’exiger le respect des règles invalidées par ce type de détours. Et dans les exemples que j’ai cité il ne s’agit pas des jeunes, cibles favorites de reproches de certains adultes qui devraient parfois un peu moins protéger leur cou ou leur menton… avec des masques …. Les masques c’est le nez et la bouche ! ET il faut en changer, voire les laver, tous les jours parait-il…
Encore un mot, « masque », dévalué et vidé de son sens initial.
Non cet enseignant massacré n’avait pas un sang impur qui devait abreuver quelque sillon que ce soit! Mais on fait chanter ces mots à des milliers d’occasions sans se soucier de les expliquer, de les contextualiser et d’éventuellement les changer. Là on était dans le comble du mot détourné malgré la sincérité des présent-e-s. Et à des gamins en plus souvent !
Et on se sert des mots magnifiques de Jaurès en les changeant et les tronçonnant au besoin (trop long disiez vous).
Et Bien non Monsieur le Ministre des Ecoles et de l’instruction publique… « Fierté » et « Fermeté » ne veulent pas dire la même chose. Vous avez supprimé un mot de Jaures et glissé un autre à la place. Vous n’avez certes pas de « fierté » et vous lui préférez la « fermeté ».
L’honnêteté et le langage peuvent attendre. Quand la langue est maltraitée, les dictatures se frottent les mains.
Denis Reserbat-Plantey 65 ans, dont 44 comme soignant et travailleur social »