François, Tu as bouclé ta vie, cette vieille valise Rejoint tous ces oiseaux , rattrapé les tangos Rachel et puis les autres, balayeurs d’Amériques Ramassé dans tes mains la fleur et ses guitares Remâché des mots doux et des gueules en colère. Rattrapé Guillevic, retrouvé la Colette Et ses melocoton bruissant en vols d’abeilles ! J’ai rengainé mes mots que tu ne liras plus, Remis pour mille fois Natacha et les autres Mélangé tes paroles, prié pour Mamadou Qui disait et relie les scandales des hommes Tu poussais en dedans, tu germais mes étreintes Et tes mots en marcottes remplissaient les ornières Creusaient des sillons tièdes pour chanter le matin Quand le monde est informe et que le rêve naît. Je revois ton œil vif et ta queue de cheval, Ce front souvent plissé et des mains qui s’envolent Des rires bien sonores et des silences doux, Tes regards appuyés pour la femme qui passe Des regrets plein les joues et des tendresses aussi. Ta fleur et restée fière et ils ne l’ont pas eu. Elle ira s’étaler comme voile égarée Sur ce grand monument où je n’attendrais plus Le bruit mat de ton pas, entre les balayeuses. Dans les creux de mes nuits et les petits matins Ta musique se loge entre danse et gueulante Comme une balle dure qui reste dans l’écorce Attendant les tenailles pour servir à nouveau. Salut petit François, merci mon joli père, A bientôt mon grand frère au pays des bistrots ! Le vent souffle toujours et reparle de toi Marées après marées, vagues contre falaise. Danse mon camarade, danse à perdre le souffle Souris et va crier aux sourds bénis d’en haut Que la terre est jolie comme l’œil d’une fille Les histoires d’un vieux, les ventres de nos mères… Merci pour toi. Tiens v’la l’soleil, on ne l’attendait plus c’lui là…. D.RESERBAT-PLANTEY Nouvelle République du Centre Ouest 14 novembre 2003 à l’époque article reprenant une partie du texte adressé.